Cet article est réservé aux personnes qui sont familles d’accueil pour Ani-nounou, ou aux personnes qui souhaitent le devenir. En aucun cas cela ne concerne les adoptions.
Être famille d’accueil, c’est avoir du cÅ“ur ! Mais comment avoir du cÅ“ur et ne pas se trouver triste et déstabilisé lorsque le lapin en FA s’en va ?
Le choix de l’adoptant
La famille d’accueil a un rôle à jouer dans le choix de l’adoptant. Il faut donc qu’elle parvienne à mettre ses sentiments de côté pour porter un regard objectif sur la famille postulante. Or, si l’association est exigeante sur les conditions d’adoption, il n’existe cependant pas de famille parfaite, et il y aura certainement toujours un petit quelque chose qui vous déplaira dans la demande d’adoption (logement trop petit, enfants en bas âge, autres animaux, pas de jardin, etc.).
Lorsque l’on s’attache à l’animal que l’on a sauvé, on veut pour lui ce qu’il y a de meilleur, et on a parfois tendance à devenir un peu sévère avec les adoptants potentiels. N’oubliez pas que l’on a tous débuté un jour comme maître de lapins, que la famille adoptante a le droit de ne pas tout connaître dès le départ, et que nous sommes là pour la faire évoluer. Pensez également que le lapin sera toujours plus heureux chez une famille qui l’a choisi parmi des dizaines d’autres animaux et qui fera tout pour son bonheur, plutôt que chez sa FA, qui restera toujours une maman temporaire, et dont la séparation sera d’autant plus difficile au fur et à mesure du temps.
En revanche, bienveillance à l’égard des postulants ne veut pas dire manque d’esprit critique. Il convient donc pour chaque demande de vérifier si cela correspond bien aux conditions d’adoption, si les manquements éventuels peuvent être corrigés grâce aux conseils prodigués par les membres de l’association. Mais il y a des cas où les personnes refusent de changer leur manière de considérer les lapins, de débourser le moindre euro pour les vaccins, etc. Dans ces situations, et même si le lapin attend depuis très longtemps, même s’il est agressif et que vous ne ressentez aucun attachement particulier à son égard, il faut garder le cap éthique que l’association s’est fixé, et refuser l’adoption.
Surmonter le départ du lapin
C’est vraiment l’aspect le plus difficile du rôle de FA. On s’attache forcément au lapin dont on a la responsabilité, d’autant plus qu’il a souvent eu un passé difficile et que grâce à vous il va petit à petit reprendre goût à la vie. Si l’attachement est trop important et que vous avez les moyens techniques et financiers d’adopter, n’oubliez pas que c’est toujours possible ! Si en revanche cela ne fait pas partie de vos projets, dites-vous qu’il est naturel que le lapin vous quitte un jour, et que pour son équilibre c’est mieux que cela se fasse tôt. Vous savez que vous avez aussi, la plupart du temps, la possibilité de revoir le lapin après son adoption, en faisant le suivi.
Pour surmonter le départ, il faut songer qu’une place se libère chez vous pour un nouveau sauvetage. Cela signifie qu’il y aura, grâce à vous, une euthanasie de moins dans un refuge, un lapin de moins dans les rues ou encore que vous pourrez aider un propriétaire en grande détresse mais qui n’a pas envie de voir son lapin croupir en SPA. Il faut accepter qu’une page se tourne et qu’une autre aventure commence.
Chaque personne gère cette forme de deuil d’une manière différente. Certaines personnes aspirent à taire ce sujet pour méditer cela en toute intimité, d’autres ont en revanche besoin d’extérioriser et d’en parler autour d’eux. Il n’y a pas de « méthode miracle » pour apprendre à surmonter ces moments difficiles, et n’oubliez pas que les autres membres de l’association sont là pour vous aider si vous en avez besoin.
Les adoptants peuvent aussi vous accompagner dans votre deuil en vous donnant des nouvelles régulièrement, mais il est important pour eux que vous ne leur manifestiez pas votre tristesse de la séparation de manière excessive. Ils ne doivent pas avoir l’impression d’être illégitimes en adoptant le lapin, ils ne doivent pas non plus ressentir de sentiment de culpabilité en s’immisçant dans votre relation. C’est souvent important pour eux de savoir que vous éprouvez toujours de l’affection pour le lapin mais ils ne doivent pas être amenés à penser que le lapin serait plus heureux chez vous, et qu’ils sont la cause de votre état dépressif. Les gens sont souvent hésitants à adopter un animal abandonné, car ils pensent parfois que cela les forcera à devoir gérer des situations émotionnellement difficiles (animal maltraité, présentant des troubles du comportement, famille d’origine trop envahissante, etc.), montrez-leur qu’une adoption en association est un acte généreux, mais aussi une expérience particulièrement enrichissante…
Vous ne ressentez pas ces sentiments de tristesse au départ du lapin ? Ceci est tout à fait normal ! Cela veut tout simplement dire que vous êtes capable de vous projeter dans l’avenir et d’être heureux pour le lapin parti et pour celui qui va le remplacer chez vous. Chacun gère ses émotions différemment…
L’arrivée d’un nouveau lapin
Il arrive parfois que l’on se sente déphasé par l’arrivée brutale d’un nouveau lapin, peu de temps après le départ d’un autre. C’est aussi le charme du travail de FA : les urgences ne sont jamais prévues, et parfois on attend quelques temps après une adoption, parfois un lapin s’impose le jour suivant. Cela se passe généralement très bien, mais, pour vous aider, nous avons listé quelques situations délicates, avec quelques pistes pour parvenir à retrouver un peu de sérénité.
Tout d’abord, sachez que vous avez le droit de faire une pause après une adoption, ne vous sentez pas obligé de vous proposer pour un sauvetage tout de suite après. Si vous avez besoin de temps pour faire le point, ne soyez pas culpabilisé, car il y a toujours des sauvetages urgents, c’est le quotidien de l’association, mais il faut aussi savoir se ménager et garder à l’esprit qu’il est illusoire de vouloir tous les sauver.
Si vous souhaitez reprendre tout de suite un lapin en FA, ne soyez pas étonné si vous ne ressentez pas la même passion pour le petit nouveau : chaque lapin est différent, et il faut du temps avant de s’adopter mutuellement. Il existe également toujours des sauvetages qui impliquent émotionnellement davantage que d’autres, parce que le contexte d’abandon, ou le lapin touchent quelque chose en nous. Et, tout simplement, il existe, comme pour les humains, des affinités différentes selon les individus.
A l’inverse, si votre petit protégé ne devait jamais vous inspirer le moindre sentiment d’affection, nous vous demandons de ne pas le négliger pour autant. Traitez-le avec le même respect, la même patience et la même gentillesse que s’il vous appartenait. Vous avez pris une très grande responsabilité en endossant ce rôle de famille d’accueil, il convient donc d’assumer au mieux de vos possibilités cette responsabilité. Le lapin est démuni sans votre aide. Et les moments qui suivent un abandon sont durs pour lui, tâchez de lui rendre ces instants agréables…
En toute situation fiez-vous aux conseils des différentes sources mises à votre disposition (site La dure vie du lapin urbain, magazine de l’association...), et suivez votre instinct. Si vous avez fait la démarche de devenir FA, c’est que vous avez en vous la bonté, l’abnégation et l’amour nécessaire pour mener à bien votre tâche.